La question des choix professionnels
Opérateur bilan de compétences en Basse-Normandie depuis 1998 pour différents organismes de formation, je suis confronté depuis les origines de ma pratique à la question de l’orientation personnelle et professionnelle chez les salariés et les demandeurs d’emploi et, plus particulièrement, à la problématique du « mauvais » choix, du choix « subi », du choix « familial » ou du choix « par défaut ». En découle au fil des ans, pour les salariés, un mal-être au travail, voire une souffrance (déprime qui peut tendre vers la dépression), un manque ou une absence d’épanouissement à son poste de travail, un sentiment d’inutilité ou de vacuité professionnelle. Bien souvent, l’analyse des parcours personnels et professionnels du bénéficiaire réalisée en début de bilan de compétences pointe des « erreurs » ou un « manque de vigilance » (voire même de l’insouciance) en lien avec les envies ou les désirs personnels et professionnels chez les scolaires (fin de collège et de lycée). Sans parler de ces étudiants qui expérimentent plusieurs filières universitaires et qui se retrouvent au final, à 24 ou 25 ans voire plus, sans projet.
Le déficit en professionnels de l’orientation et le manque de moyens et de temps a certainement un impact sur la « légèreté » avec laquelle les pouvoirs publics traitent cet épineux problème. Et cela malgré plusieurs rapports[1] parlementaires et universitaires et la mise en place du service public de l’orientation qui élargit sur le papier le champ à l’orientation privée (avec un cahier des charges très dissuasif néanmoins pour les petites structures). Trop souvent (sans vouloir généraliser), les conseillers d’orientation institutionnels sont cantonnés, faute de temps, à un rôle d’informateurs sur les métiers et les formations. La matière même de l’orientation chez le scolaire qui est sa personnalité et ses intérêts personnels (et professionnels) n’est que peu ou pas traitée. Souvent, j’entends des remarques du style, « vous savez les adolescents, ils changent souvent d’avis ! ». Ce raccourci me semble caricatural et des profils personnels et professionnels de nos scolaires peuvent être assez aisément tracés dans leurs grandes lignes. Pas obligé de leur demander à 14 ou 15 ans de sortir le nom « miracle » du métier qu’il voudront exercer dans les années futures. Néanmoins, il faudrait avoir l’honnêteté ou la décence de les aiguillonner sur les bons rails pour éviter les voies de garage et les longs tunnels.
Constat. « L’orientation scolaire et professionnelle est une question particulièrement importante aujourd’hui, en tant qu’elle détermine fortement les chances d’une insertion professionnelle réussie sur le marché du travail devenu de plus en plus difficile. Les familles l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’elles s’intéressent, souvent avec inquiétude, à l’orientation de leur enfant. Aujourd’hui, la situation semble à cet égard préoccupante puisque le système de l’orientation, fortement contesté sur la place publique, révèle un certain nombre d’inégalités et de dysfonctionnements. On voit d’ailleurs se développer, en réponse à ces défaillances, un marché privé de l’orientation scolaire et professionnelle venant creuser les inégalités et accroître le discrédit du service public de l’Education ». L’orientation scolaire et professionnelle. Valérie Pugin. 2008, p.1.
[1] Renforcer l’orientation active. Bernard Saint-Girons. 2009
Rapport parlementaire : Orientation, réussite scolaire : ensemble, relevons le défi (Irène THARIN, 2005)
Rapport parlementaire sur l’orientation (Frédéric REISS, 2007)
Rapport parlementaire : développement de l’orientation professionnelle tout au long de la vie (Françoise Guégot, 2009)